Bonjour à tous ! Comment allez-vous ? Il y a quelques temps, je discutais avec des collègues de la fameuse période d’opposition (appelée très communément « terrible 2 »). J’ai observé qu’on avait pas la même vision de cette phase du développement de l’enfant. Et c’est pour ça que j’ai eu envie d’en discuter avec vous. Alors, le terrible 2 est-il si terrible que ça ? ↓
Qu’est ce que le terrible 2 ?
Je vous avais déjà parlé du terrible 2 ou de la phase d’affirmation de soi ici et ici.
Mais finalement : qu’est ce que c’est ?
Il s’agit de la « fameuse » période où l’enfant dit « non ». On l’appelle « terrible 2 » (enfin les anglophones surtout) pour plusieurs raisons. « Terrible » car c’est souvent une période délicate pour l’adulte. L’enfant grandit, s’affirme, s’oppose… Et cela génère souvent plus de conflits. Et « 2 » car cette phase survient généralement aux alentours des 2 ans de l’enfant.
Il faut savoir que l’enfant a BESOIN de vivre cette période là. C’est une phase normale de son développement. En disant « non », en s’opposant à vous, il s’affirme en tant que personne. Il prend conscience qu’en tant qu’individu il a le choix… Et donc il décide d’affirmer ce droit. Bien souvent, le « non » est dit dans de nombreuses situations. Pourtant, parfois, il arrive qu’après avoir dit « non », votre enfant veuille finalement. Typiquement, il vous dit « non » quand vous lui demandez s’il reveut du dessert mais en faite, il se ressert.
Par ce « non », l’enfant exprime aussi le fait qu’il veut faire seul. Il affirme son besoin d’autonomie et d’indépendance.
Vous l’aurez donc compris : bien souvent, il y a des tensions qui se cristallisent. Mais finalement, j’y vois une magnifique période de vie plutôt qu’un obstacle au quotidien.
Que se cache t’il derrière ses comportements ?
On vient de le voir, quand votre dit « non » ou se jette au sol, crie, tape, il cherche juste à affirmer son point de vue. À s’affirmer tout court. Bien souvent, c’est l’adulte qui créé le conflit. Et ça, nous n’en avons pas conscience.
Maria Montessori expliquait que les enfants ont besoin de répéter et de se concentrer sur les activités et les choses que leur guide intérieur choisit. Souvent, en tant qu’adulte, on demande à l’enfant d’interrompre ses activités. Il y a plusieurs motifs, toujours très légitimes : le manque de temps bien souvent. Mais finalement, en « forçant » l’enfant à changer de jeu, à quitter son jeu, à arrêter quelque chose, on créé des comportements « difficiles ». Concrètement, si l’enfant agit ainsi c’est qu’il a du mal à gérer sa frustration et à devoir s’arrêter. Il avait envie, besoin même, d’aller au bout de ce qu’il faisait. Alors, je sais que ce n’est pas toujours facile à respecter comme besoin car la vie quotidienne est ce qu’elle est. Mais je pense qu’on peut essayer de changer de regard et de se dire que finalement, ces crises viennent aussi de nous.
Et que le « non » que l’on répète sans cesse n’aide pas l’enfant à s’en défaire non plus.
Au delà de tout ça, quand je vois un enfant de deux ans en plein « terrible 2 », je vois surtout un enfant curieux, explorateur, qui affirme son opinion et qui est passionné de découvrir le monde et la vie.
Et si nous changions de regard ?
Je sais que ce n’est pas évident de se rappeler tout cela quand son enfant vient de nous dire le vingtième « non » de la journée alors qu’il n’est que 8 heures du matin ou encore qu’il s’oppose fermement à tout ce que vous lui proposez. Ce sont des luttes quotidiennes qui peuvent épuiser.
Mais finalement, dans ces moments là, si on arrivait à changer notre regard, à nous dire : « ok, il ne fait pas ça contre toi, il fait ça pour lui car il a besoin de s’affirmer », ça nous aiderait surement à désamorcer les tensions qui se cristallisent en nous.
Un acte concret qui pourrait vous aider au quotidien ça serait de lui proposer toujours le choix plutôt que de le « forcer » à faire une chose. Par exemple : votre enfant ne veut pas mettre ses vêtements. Au lieu de lui dire « si c’est comme ça » et de se borner à un « non », on pourrait plutôt dire « tu veux commencer par les chaussettes ou le slip ? » Ce n’est pas grand chose. Une simple tournure de phrase ! Mais ça peut faire toute la différence…
Savoir accepter que notre enfant ne peut pas s’affirmer comme nous.
Finalement, quand on regarde le problème du « terrible 2 » de loin, on se dit que les enfants cherchent simplement à s’affirmer. Et ça peut être frustrant de se dire qu’il agit « démesurément » (avec nos yeux d’adultes). Je sais que c’est fatiguant, épuisant.
Je tiens juste à préciser que les enfants ne peuvent pas réagir comme nous face à leurs émotions. Ça leur est impossible. Ils les vivent avec tout leur corps. S’ils ne veulent pas, ce ne sont pas que leurs mots qui seront en contradiction, ce sera tout leur corps. « Je ne veux pas, je ne veux pas mais je ne sais pas comment le faire comprendre ». Alors, il y a le « non » puis le sourcil froncé parfois ou les cris. C’est le corps qui parle car c’est son moyen d’expression le plus fort.
Ainsi, on peut se demander ce qui pourrait être utile de réajuster dans notre environnement pour que le quotidien soit plus doux. Par exemple, on peut penser à mettre les affaires de notre enfant dans un panier au sol dans la salle de bain. Cela lui permettra de faire seul et d’être actif au moment du change de sa couche par exemple. Bref, ce sont des petites choses à penser chaque jour pour favoriser l’autonomie des tout-petits et donc leur permettre de s’affirmer, comme ils le cherchent, en limitant les conflits avec l’adulte.
Alors, aussi terrible que ça le terrible 2 ?
Pour finir, je dirai qu’il est tentant de considérer les enfants seulement comme des enfants. Mais finalement, si on les prend dans leur globalité, on peut aisément voir à quel point ils cherchent à devenir autonomes, à grandir… Et donc, de cette façon, on les considère comme des êtres humains à part entière. Pas des « petits adultes » ou « juste des enfants ».
Dans ce sens, on prend en considération ce besoin d’expression personnelle et on fait ce qui est en notre pouvoir pour rendre l’expression de ce « terrible 2 » plus aisé. Car finalement, si les enfants réagissent ainsi, c’est peut-être parce que ce que nous proposons en tant qu’adultes n’est pas adapté ? Et ainsi, notre façon de voir les choses évolue.
Et chez vous ? Comment s’est passée / se passe cette période ?