Bonjour à tous ! Aujourd’hui je voulais aborder avec vous la question du sentiment de propriété de l’enfant. Pour être plus précise, le fameux « c’est à moi!! » que peut crier votre enfant quand un autre s’approche de son jouet. Les questions de propriété, de prêter ses jeux sont des questions sensibles chez les touts-petits. Non, non, ils ne sont pas « égoïstes » ou « méchants ». Ils expérimentent, tout simplement ! Je vous explique pourquoi. ↓
L’enfant, aux alentours de deux ans, a un fort sentiment de propriété. Il ne veut pas prêter ses jeux. Il a besoin de les garder pour lui. C’est « à lui ». Et ce, même s’il est confié en crèche et que les jeux sont à la collectivité. Ou que le fameux jeu est celui de son ainé.
Quand il fait une activité, ce jouet devient un projet à part entière pour l’enfant. Il ne peut donc plus le partager. Il ne peut plus le prêter. Il a besoin d’aller au bout de son idée avant de le délaisser et que ce jeu perde son intérêt à ses yeux.
Il est donc délicat de demander à un jeune enfant de prêter ses jeux en lui expliquant qu’il pourra les retrouver plus tard. Différer son action, différer son projet d’activité est très complexe pour lui. Il n’a pas encore la capacité de pouvoir élaborer autant.
Lui, ce qu’il recherche, c’est le plaisir immédiat. C’est l’envie d’aboutir à ce projet de jeu qu’il élabore dans sa tête. Il cherche le plaisir de cette manipulation. Maintenant. Le « plus tard » est une notion bien trop élaborée pour son si jeune âge. En revanche, dans sa troisième ou quatrième année, il pourra renoncer à ce plaisir immédiat s’il a la certitude de pouvoir assouvir son besoin plus tard. A ces âges là, on peut donc commencer à dire à l’enfant : « peux-tu prêter ton jeu à ton frère s’il te plais? Tu y joues depuis un long moment et il aimerait beaucoup essayer aussi. Tu le retrouveras juste après. »
De la même manière, lorsqu’un jeune enfant joue tranquillement à quelque chose et lâche soudainement son jeu pour aller prendre celui d’un autre enfant : le défi est identique. Il est plus intéressé par l’action que l’enfant a sur le jeu que par le jeu en lui même. Il est donc également compliqué de lui demander de laisser ce jeu à celui qui l’avait en premier.
Bref, les questions de prêt de jeux sont liés à la notion de propriété. A ce sentiment qu’ont les enfants que les jeux leur appartiennent à partir du moment où ils un projet avec.
De plus, l’enfant a besoin de posséder avant de pouvoir prêter. Cette phase de « c’est à moi » est donc partie intégrante de son développement. Il a besoin de savoir que le jeu est le sien avant de pouvoir accepter de s’en séparer. Il devient, au travers de cette notion de propriété, acteur de sa vie. Il a du pouvoir sur la possession de cet objet. Il n’est plus uniquement passif.
Je suis bien consciente que cette notion est difficile à accompagner au quotidien. Parfois, on a besoin de demander à l’enfant à ce qu’il prête son jeu. Mais sachez que cela génèrera certainement des frustrations et des conflits car l’enfant ne sera pas encore prêt à prêter.
De cette manière, si vous avez des enfants qui souhaitent jouer au même jeu, et que vous jugez en tant qu’adulte que tel enfant doit prêter le jeu car ça fait tant de temps qu’il joue avec, gardez cette notion en tête. Si votre enfant a moins de trois ans, je vous conseille de le laisser finir de faire son expérimentation. Laissez le aller au bout de son projet. Sans être pressé. Si l’autre enfant demande ce jeu, essayez d’en avoir un similaire à lui proposer. Une fois que l’enfant délaisse de lui-même le jouet pour explorer autre chose, alors le second enfant pourra le prendre.
Si vos enfants sont dans ces périodes là, votre place d’adulte sera importante. Il va vous falloir superviser, anticiper, être présent pour l’enfant qui a envie du même jouet. Ce n’est pas toujours évident. Il faut alors comprendre que pour nous, adultes, c’est impensable de ne pas « prêter ». Mais que, dans le développement d’un enfant, c’est normal qu’il n’ai pas envie de le faire. Car il n’est pas prêt.
C’est pourquoi je voulais vous expliquer ce qu’il se passe dans la tête de votre enfant qui crie « c’est à moi » en tirant le jeu vers lui. Il n’est pas « associable ». Il n’est pas « égoïste ». Il a juste besoin de jouer avec, de s’approprier ce jeu pour pouvoir, par la suite, envisager de le prêter.
Et vous? Comment réagissez vous quand votre enfant ne veut pas prêter ses jeux? Venez me raconter votre expérience en commentaires !!