Bonjour à tous ! J’espère que vous allez bien ! Je sais que la question du « cadre » et des « limites » sont des sujets qui vous interpellent. Comment faire pour en poser ? Qu’est ce que mon enfant en retient ? En comprend ? C’est un vaste sujet ! Aujourd’hui, j’ai envie de parler avec vous des limites justifiées et comment les accompagner au quotidien. Prêts ? C’est parti ↓
Comprendre les besoins de votre enfant.
Je sais qu’il est tentant de vouloir punir ou instaurer beaucoup de limites à son enfant. C’est un comportement humain. Et c’est souvent ancré dans notre propre éducation. Cependant, avant de voir comment poser des limites à son enfant, il me semble très important de revenir sur ce qu’il se joue pour votre jeune enfant. Comprendre ce qu’il vit, ce qui l’anime, vous permettra, j’en suis sure, de faire des propositions adaptées à ses besoins.
Tout d’abord, un jeune enfant a besoin de toucher, d’expérimenter, de grimper, de courir, de crier pour apprendre. L’enfant a besoin de vivre avec tout son corps pour apprendre. C’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale ! Ses expériences lui permettront d’appréhender le monde et la vie. Ainsi, pour se représenter son univers, apprendre et grandir, votre enfant a besoin de faire toutes ces actions.
Finalement, il n’écoute qu’un seul guide : le sien. Et il grandit selon ce que ses périodes sensibles lui dictent. Par exemple, en pleine acquisition motrice, il va vouloir grimper partout (meubles, canapés, barrières…). Il ne fera pas cela contre vos règles mais uniquement pour escalader et acquérir parfaitement cette acquisition motrice.
De plus, votre enfant n’est pas dans la même temporalité que vous qui êtes adulte. C’est à dire qu’il n’a pas conscience du futur quand il est en train de faire quelque chose. Il ne connait que le présent. Ainsi, il est possible que même malgré votre interdiction, même malgré la « sanction » qui plane, votre enfant puisse faire quand même ce qui lui était interdit. En agissant ainsi, il ne pense absolument pas à la « punition » qui arrive. Il en est incapable ! Il pense juste à faire ce qu’il fait. Là, à cet instant T.
Quand l’enfant « désobéit »…
Comme vous l’aurez observé, je parle de « désobéissance » avec des guillemets. Tout simplement car je ne pense pas qu’un jeune enfant fait exprès de « désobéir ». D’ailleurs, est-ce normal qu’il « obéisse » aux ordres ? Un enfant qui désobéit me semble être un enfant complètement sain… mais c’est un autre débat !
Il faut savoir que votre jeune enfant ne fait rien contre vous. Il ne cherche pas à vous désobéir avec plaisir ! Rappelons nous que l’enfant n’est pas en capacité de faire des « caprices » ou de vous manipuler ! Je dirai même que c’est naturel qu’il le fasse et qu’il s’oppose aux limites pour grandir.
De plus, quand on parle de « désobéissance », on part du principe que l’enfant fait quelque chose consciemment. Or, un tout-petit n’a absolument pas cette capacité ! Votre enfant vous aime de tout son coeur. Il ne fait absolument rien contre vous ou pour vous énerver. S’il y a bien quelque chose qu’il déteste c’est vous mettre en colère. Ainsi, il ne vous « désobéit » pas par plaisir. S’il le fait c’est qu’il ne pense pas aux conséquences, tout simplement. Il suit ce que son guide intérieur lui dicte pour grandir. Il n’y a aucune notion de lutte de pouvoir quand les enfants sont petits…
Pourquoi poser des limites ?
Cependant, je pense qu’il est important de poser des limites à un enfant. Déjà, pour prendre soin de soi. Non, il n’est pas facile d’accepter que son enfant fasse telle ou telle chose et lui en interdire certaines permet de prendre soin de notre santé mentale… C’est un fait !
De plus, les limites permettent de mettre les enfants en sécurité si danger il y a. Il est de notre rôle d’adulte de limiter certaines expériences pour éviter que l’enfant ne se blesse.
Et enfin, les limites sont nécessaires à l’enfant dans sa construction. Un enfant sans limite est un enfant seul. L’éducation positive et bienveillante reconnait même le laxisme (donc aucune limite) comme une violence éducative ordinaire. L’enfant a donc besoin de limites pour grandir. Il en a aussi besoin pour se positionner dans le Monde, dans sa société et dans sa famille. L’enfant a besoin de limites… Mais de limites justifiées !
Comment poser des limites justifiées à son enfant ?
Maintenant qu’on sait comment les enfants fonctionnent et pourquoi ils ont besoin de certaines limites, il est légitime de se questionner sur la manière de leur en poser.
La première des choses à faire est, selon moi, de s’interroger sur la nature des limites que l’on met à son enfant. Est-ce par confort pour l’adulte ? Est-ce par sécurité ? Par exemple, quand on interdit à un enfant de monter sur une table basse, robuste, en bois, posée au milieu du salon. Est ce réellement justifié ? Y a t’il un réel risque de blessure ? Est ce parce que je n’ai juste pas envie qu’il monte sur les meubles ? Il est important de savoir pourquoi on interdit telle ou telle chose à son enfant. Et ensuite, se demander si c’est réellement justifié. Je tiens à préciser dans l’exemple ci-dessus que les enfants ne vont pas inlassablement monter sur les meubles. Une fois leur expérience assouvie, ils passeront à autre chose. Plus on leur interdira de ne pas le faire, plus leur guide intérieur sera frustré et ne pourra pas assouvir ce besoin… Et plus, ils chercheront à le faire par tous les moyens.
Quoi qu’il en soit, il revient donc de s’interroger sur la nature de nos interdits. Il vaut mieux qu’il y ait peu de règles mais que ces dernières soient pertinentes. Ainsi, l’enfant aura bien plus de facilités à les intégrer et à y mettre du sens.
Qu’en est-il du « non »?
Un de nos réflexes est de dire « non » aux enfants. On peut d’ailleurs être amenés à le dire souvent. Très souvent. Et on se rend compte que finalement, c’est durant les débuts des acquisitions motrices. Jusqu’alors, on disait rarement « non ». Et puis, quelque temps après, c’est au tour de l’enfant de nous dire « non ». Et si on trouvait une alternative à ce « non » omniprésent ?
Je vous conseille d’utiliser le « stop » quand l’enfant fait réellement quelque chose qui le met en danger. Si ce « stop » est utilisé à bon escient, peu souvent, il aura un réel impact sur l’enfant. Vous avez sûrement du remarquer que le « non » à outrance ne marchait plus à un certain moment ? Le stop est une alternative mais à utiliser légitimement… Au risque que le problème du « non » soit le même avec le « stop ».
S’il n’y a aucun danger, je vous invite à focaliser l’attention de votre enfant sur autre chose. Les enfants, accompagnés ainsi, pourront faire leur expérience sans enfreindre la limite que vous vous êtes posé. Par exemple, il vous ait impossible d’accepter que votre enfant monte sur la table. C’est plus fort que vous, vous ne voulez pas. Très bien ! Écoutez vos limites intérieures. Pour accompagner votre enfant, vous pouvez l’amener dans sa chambre par exemple et lui proposer de grimper sur sa petite table. Le danger sera moindre. Cela vous conviendrait-il ? Et ainsi, limites par limites, essayez de trouver des alternatives qui vous conviennent mieux.
Je vous invite également à utiliser des phrases positives. Au lieu de « tu n’as pas le droit de grimper sur la table », vous pouvez dire « et si tu montais sur la chaise ? ». Les enfants ne comprennent pas la négation. Ainsi, dans leur cerveau, le « ne/pas » passe à la trappe. De nouveau, j’utilise mon exemple concret : si je vous dis de ne pas penser à un abricot, vous aurez pensé à un abricot 😉 CQFD ! Pour les enfants c’est pareil !
Un travail difficile, j’en ai conscience.
Je sais à quel point il est difficile de déconstruire tout cela. De déconstruire l’idée que notre enfant ne cherche pas à nous manipuler. De déconstruire cette irrésistible envie de dire « non ». Je sais que ce n’est pas évident et que c’est un travail du quotidien que d’y tendre.
Je sais aussi qu’il n’est pas évident de définir une juste frontière entre les limites justifiées et celles que l’on pose par confort. Mais il me semble cependant important de nous atteler à ce travail.
Notre rôle n’est pas d’être parfait mais de penser nos actions pour qu’elles aient le plus de sens possible pour notre enfant. Ainsi, pour limiter certaines limites injustifiées, vous pouvez penser l’environnement de votre enfant de manière à ce qu’il puisse faire ses expériences sans danger. Par exemple, installer une table basse vide de tous objets fragiles lui permettant de répondre à son besoin.
Là encore, le but n’est pas de perdre sa spontanéité et ce qui fait de nous ce que nous sommes en tant que parents. Il s’agit seulement de se poser des questions afin que les règles que vous instaurez chez vous soient pertinentes. 🙂
Et vous ? Qu’en est il des limites dans votre maison ? Comment les posez-vous ? Arrivez vous à mener ce travail d’introspection ?