rBonjour à tous ! Aujourd’hui je vous retrouve pour un billet qui me tient à coeur ! En tant qu’adultes, on a souvent tendance à dire des enfants qu’ils font des caprices. « Arrête ton caprice », « tes caprices ne marchent pas avec moi », « quel capricieux celui-là! ». Bref, des phrases qui ne nous semblent pas forcément lourdes de sens. Des phrases du quotidien. Et pourtant…
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Tous les enfants ne peuvent pas faire de caprices !
Je rentre directement dans le vif du sujet ! Non, tous les enfants ne font pas des caprices ! Un bébé, par exemple, n’est pas en capacité de faire un caprice. Il ne peut pas. C’est IMPOSSIBLE. Pareil, un enfant de moins de trois/quatre ans, ne peut pas non plus. C’est donc un défaut de langage d’accueillir les émotions de ces enfants là en les catégorisant de « caprices ».
Pourquoi cela ? Il me semble important de définir ce qu’est un caprice. Un caprice implique que les enfants font quelque chose pour obtenir autre chose en retour. Par exemple, il pleure, crie, se roule par terre pour obtenir gain de cause et faire un tour de manège supplémentaire. Ça, c’est un caprice. L’enfant a intégré la logique de cause à effet. Il a intériorisé cette notion et l’utilise pour obtenir satisfaction. Or, cette construction psychique n’a lieu qu’au trois/quatre ans de l’enfant. Avant cela, il ne peut pas élaborer ainsi. Avant ces âges là, l’enfant pleure, crie ou se roule par terre car il s’EXPRIME ! Il n’attend rien de vous en retour. Il ne fait pas ça pour vous énerver. Il ne fait pas ça pour vous pousser à bout. Il s’exprime. Avec ses propres moyens.
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Caprice VS expression de l’enfant ?
« Il s’exprime, comme c’est joliment dit! » Cette phrase je l’entends très souvent quand j’explique à un adulte mon point de vue sur le sujet. Souvent, il ajoute : « Il faut arrêter de tergiverser et appeler un chat un chat. » Et c’est exactement ce que je fais ! Un enfant de moins de trois ans qui pleure ne fait pas de caprice. Il s’exprime. Appelons un chat un chat ! Justement !
Pour rappel, un enfant est un être doué d’émotions et de besoins. Dès sa naissance, il a une multitude de compétences pour exprimer ces derniers. Souvent, les pleurs seront son derniers recours pour faire passer son message. Il a faim. Il a soif. Il a envie de dormir. Ou tout simplement, il a besoin de vos bras. Il a eu peur. Il a besoin de vous… Ainsi, un bébé PLEURE. C’est humain et normal. Il s’agit de son premier moyen de communication. Donc, de fait, un bébé qui pleure = un bébé qui exprime ce qu’il a à l’intérieur de lui car il n’est pas en mesure de parler. On ne peut pas parler de caprice. Il a besoin de vous. Il est dépendant de votre réponse !
Pareil, en grandissant, l’enfant acquiert doucement la parole et expérimente de plus en plus le monde qui l’entoure. Mais là, un autre problème se pose. Il découvre toutes ses capacités mais se retrouve dans le même temps limité. Par exemple, il voudrait vous dire qu’un avion est passé dans le ciel mais il n’arrive pas à vous le faire comprendre. Vous pensez qu’il vous parle du chat dans le jardin. Ou alors, il voudrait monter sur ce meuble pour tester sa nouvelle motricité mais vous le lui interdisez. C’est frustrant !! En grandissant, l’enfant est frustré. C’est ainsi. Il grandit. Il apprend ! Mais imaginez le tourbillon d’émotions qu’il vit à l’intérieur ! Imaginez vous à sa place. Ne pas réussir à vous faire comprendre alors que vous essayez de toute vos forces. Avoir très envie d’essayer quelque chose et qu’on vous l’interdise fermement. C’est dur. Difficile. Voilà pourquoi votre enfant pourrait avoir envie de crier, pleurer, se rouler par terre.
Là encore, il ne cherche pas à vous pousser à bout. Il extériorise tout ce qui l’anime à l’intérieur. Il montre à voir ses émotions. Et c’est chouette ! Alors certes, peut être pas sur le moment. Sur le coup, on en a marre de ce comportement, on peut avoir de crier à son tour. C’est humain. Je ne cherche pas du tout à vous culpabiliser. En revanche, avec le recul, qu’est ce qu’on se dit? Mon enfant est animé par des émotions qu’il réussit à traduire avec son propre langage. Génial non?
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Comment accompagner l’enfant alors ?
La première chose que j’aimerai souligner est de porter notre attention sur les mots posés à l’enfant. Je me mets sans cesse à la place des enfants que j’accueille et accompagne. Je vous invite à en faire de même. C’est un exercice très formateur. Aurai-je envie, à 2 mois, alors que mon ventre me fait mal, que j’ai terriblement faim, que l’adulte qui prend soin de moi me parle de caprice ? Même si j’ai mangé il y a deux heures. Et alors ? J’ai faim. Je n’y peux rien. C’est ainsi. J’imagine la « violence » que cela peut représenter pour lui. Nous avons un enjeu de taille ici ! Reconnaitre les émotions des enfants et ce, quel que soit leur âge !!!!!
J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises sur le blog mais nos actions ont un impact sur le développement des enfants. Permettre à un enfant d’exprimer ses émotions, sans jugement est un véritable cadeau que nous lui faisons. Un cadeau qui lui servira toute sa vie. Un enfant n’a pas à taire ce qui l’anime à l’intérieur. Qu’il pleure ! Qu’il crie ! Qu’il dise ce qu’il a à dire !!
Je sais que mes propos peuvent vous déranger. Je sais que ce n’est pas toujours facile. Pour moi aussi ce n’est pas évident d’accueillir, tous les jours, des pleurs. C’est difficile. Epuisant. Ereintant. Personne n’est parfait. On peut seulement tendre vers cela. Essayer. Chaque jour. Du mieux que l’on peut. Et avec cet article, je ne changerai pas le monde. Je sensibiliserai peut être quelques personnes supplémentaires à cela. La question des mots est importante. Un bébé ne fait pas de caprices. Il s’exprime. Appelons un chat un chat.
Comme alternatives, je vous invite à vous poser des questions. Qu’essaie t’il de vous dire ? Ne serait ce pas une réaction cachant un sentiment derrière ? Toutes ces questions peuvent vous aider à accompagner votre enfant. A prendre en considération ce qu’il essaie de dire.
Vous pouvez également parler de « colères » à la place de « caprices ». Car pour nous aussi, adultes, c’est important de laisser nos émotions sortir. « Je vois que tu es en colère. C’est difficile pour moi de t’entendre crier comme ça. Je comprends que tu sois en colère mais je n’ai pas envie de te laisser monter sur ce meuble. Je vais te donner mes raisons… ».
Expliquer à un enfant le pourquoi du comment peut lui permettre de se sentir reconnu dans ses émotions. Oui c’est dur pour lui mais ça l’est aussi pour nous. Monter sur un meuble présente son lot de dangers. En revanche, n’hésitez pas à proposer des alternatives. Monter sur tel autre objet est autorisé. Cela permettra à votre enfant de « passer à autre chose ».
Dans tous les cas, la frustration est un sentiment omniprésent de l’enfance. J’avais fait un article où je vous exposais des solutions envisageables pour accompagner les tout-petits dedans. Je vous invite à le lire pour y trouver des pistes.
L’anticipation reste aussi un moyen efficace pour limiter les pleurs des enfants. La disponibilité de l’adulte aussi.
Il existe de nombreuses pistes pour accompagner les enfants à ce qu’ils puissent s’exprimer. A accompagner leurs moments de colères. Chaque famille trouve ses propres ressources.
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Prenons le temps de réfléchir à nos actions.
Aujourd’hui, je souhaitais surtout animer ce débat là. La question du caprice chez les bébés. On l’ignore bien souvent. On dit ces mots sans penser à mal. Pourtant, ils ont un impact ces mots. Sur les bébés. Sur les enfants. Sur les adultes de demain !
Il ne s’agit pas de prôner telle ou telle méthode éducative. Chaque parent à sa propre méthode d’éducation. Il fait avec ce qu’il est. Avec ce qu’il a. Avec son bagage à lui. Son histoire d’enfant et celle qu’il a eu adulte. Il s’agit seulement de réfléchir à nos mots pour éviter qu’ils ne créent des maux.
Il n’est pas évident de faire au mieux. C’est difficile tous les jours. Mais on peut tendre vers un idéal. Je tiens vraiment à ne culpabiliser personne. C’est un travail de longue haleine que d’être bienveillant dans ses actions, ses paroles. Mais à coups de réflexions comme celle-ci, on avance. On grandit. Oui, oui, oui. Nous aussi en tant qu’adultes on grandit. Et bien souvent au contact des enfants…
Alors, venez partager avec moi dans les commentaires. Et vous? Comment accompagnez-vous la question de la colère de vos tout-petits ?