Bonjour à tous ! Je suis ravie de vous retrouver pour partager avec vous le portrait de Christel. Cette maman a vécu deux accouchements bien différents ! Aujourd’hui, elle partage son histoire avec vous. Merci Christel pour tous nos échanges. Merci de m’avoir fait confiance. Ton histoire va certainement parler à d’autres femmes.
Commençons par les présentations. Christel est maman de deux adorables petites filles. La première, Victoire, est née en 2014 et la seconde, Apolline, en 2017. Toutes deux sont nées par césarienne. Ses parcours de grossesses et d’accouchements, elle les a vécu différemment. Elle vous raconte aujourd’hui pourquoi.
« Ma première grossesse, un vécu difficile. »
J’ai été suivie pendant ma première grossesse par une gynécologue qui me suivait depuis près de 15 ans. J’avais entièrement confiance en elle. Ma fille se présente en siège. A 37 semaines d’aménorrhée, ma gynécologue me présente la Version par Manoeuvres Externes (VME) qui consiste à tenter de retourner ma fille dans mon ventre. Cette dernière ne m’a pas proposé de choisir, elle me l’a présenté comme une suite logique. Or la VME n’est pas une obligation. Durant cette dernière, j’ai vraiment souffert. Je tiens à préciser que je ne veux faire le procès de personne. Je raconte juste mon histoire avec mes propres ressentis. La confiance que j’avais en ma gynécologue de l’époque s’altère. Concrètement, elle essaye de retourner ma fille de manière manuelle. Ma gynécologue était sur un escabeau à hauteur de mon ventre. Elle avait un poing sur (ou dans) mon ventre contre les fesses de ma fille et l’autre à sa tête, sous ma poitrine. Elle tente à plusieurs reprises de faire tourner mon bébé de force. L’horreur. Heureusement, elle était assistée d’une sage femme et de son élève. Malgré mes cris et pleurs de douleur, elles ont été deux amours. L’une me tenait la main tout en soutenant mon regard. L’autre qui me tenait les pieds à l’origine pour me maintenir, mais les a massé tout du long. Je m’en souviens très bien. Même si tout le reste était de la torture. D’ailleurs, je n’aurais jamais du accepter ça. Mais je ne savais pas ce qui allait m’arriver. Mon époux est tombé dans les pommes en me voyant ainsi. A la troisième tentative, j’ai dit stop à ma gynécologue. Gentiment, je lui ai dis: « c’est pas grave si elle ne tourne pas. On arrête. » Exténuée, j’avais aussi très peur des conséquences pour mon bébé. Le week end qui a suivi, j’ai eu des sensations d’ecchymoses dans le ventre. Je n’ai pas bougé de mon canapé, allongée, pendant deux jours. J’étais très angoissée. Puis une amie m’a dit : « Si bébé est en siège; c’est qu’il a une bonne raison ! » Et je me suis dit : « Mais pourquoi n’y ai-je pas pensé avant? Pourquoi force t’on les choses? ».
Après cette douloureuse expérience, les semaines passent. La césarienne approche. Ce choix a été fait car je n’avais aucun signe d’accouchement visible, pas de contractions et le col était haut et fermé. Je perds les eaux en allant au bloc et sur la table d’opération. J’étais loin d’imaginer que ça m’arriverait à cet instant là. Et en même temps, je me fais « gronder » (et le mot est faible) par l’anesthésiste ! Il me disait : « Madame, va falloir faire le dos rond. On va pas s’y reprendre à 3 fois ! » J’avais 23 kilos de plus. J’étais à terme et ils avaient un bébé à sortir. Ca commençait mal… L’ambiance au bloc était tendue. Ils ne semblaient pas s’accorder sur la manière de procéder. Après ça, l’opération chirurgicale s’est très bien déroulée d’un point de vue technique. En revanche, il y avait un gros soucis pour ma part. Personne ne m’a parlé. La sage femme m’a juste installée pour la rachianesthésie (anesthésie réalisée au moment de la césarienne) et puis après… on m’a complètement oublié ! Pas un mot. Comme si c’était une anesthésie générale ! Sur le coup, j’ai été très surprise. Je m’interrogeais sans poser de questions. J’attendais, j’attendais. J’attendais juste qu’on me montre ma fille. Et pourtant… Personne ne m’a montré mon bébé quand on l’a sorti de mon ventre! Même pas une fraction de seconde ! Pourtant tout allait bien pour elle et pour moi. Je n’espérais pas plus qu’une seconde! Juste un échange de regards… J’ai du attendre de la rencontrer lorsque je suis sortie du bloc. Nous étions dans une salle de réveil. Elle était tenue par son papa, déjà toute habillée. J’ai eu l’impression que c’est lui qui avait accouché ! Quand je suis arrivée dans ma chambre, j’ai interrogé ma gynécologue pour lui demander s’il y avait eu un souci car on ne m’avait pas montré mon bébé. Elle était pressée et pas à l’écoute… Elle m’a répondu à côté, en me disant : « c’est normal de saigner ! Toutes les femmes en accouchant saignent beaucoup ! ». Je suis auxiliaire de puériculture. J’ai assisté et participé à de nombreux accouchements en césarienne ! J’étais à dix mille lieux de penser qu’on allait me priver de cela! Cinq jours après l’accouchement, j’ai fait un oedème de la cicatrice. Le cabinet de ma gynécologue est en ville. Je m’y rends donc et me permets de l’interroger à nouveau sur le fait qu’on m’est privée de voir ma fille à sa naissance. Je n’ai pas eu de réponse. Elle m’a répondu qu’il fait trop froid dans un bloc pour montrer un bébé à sa maman… Je reste muette. Je regarde mon mari. J’en veux terriblement à la femme assise en face de moi et à l’équipe qui m’a accouché. Je pense qu’on m’a volé quelque chose qui ne coutait rien à personne. Je me suis dit: « Mais bien sur qu’il fait froid dans un bloc ! Je n’aurais pas voulu une demi heure avec mon bébé ! Mais une fraction de seconde au moins ! L’apercevoir m’aurait suffit! » . Quand on porte un enfant 9 mois dans son ventre, on ne pense qu’à ce moment où l’on va le voir enfin ! Et puis j’ai gardé ça en moi. Mais je me suis jurée qu’un jour, je prendrais le temps d’écrire à cette gynécologue. J’ai attendu quasiment un an. C’était à la fin de mon congé parental. J’étais en pleine adaptation de ma fille à la crèche et j’ai écrit une double page ! Je lui ai tout raconté, tout exprimé. Tous mes sentiments étaient encore là. J’ai eu une réponse… Elle m’orientait vers une sage femme spécialisée pour les femmes qui vivent mal leur accouchement… Aucune remise en question de sa part. Pour elle, le problème venait de moi.
Lors de ma seconde grossesse, j’ai donc changé de gynécologue. Et de clinique !
Si j’avais un conseil à donner aux futures mamans se serait qu’elles s’assurent bien qu’on leur montrera leur bébé même dans le cas où tout irait bien pour elle et l’enfant. La question peut paraitre idiote à poser à un gynécologue… Elle est pourtant légitime ! Ca m’est arrivé dans une grande ville avec une gynécologue réputée ! Il arrive malheureusement encore qu’on ne montre pas un nouveau-né à sa mère. On les prive tous les deux de cet instant de pure merveille ! Je leur conseille même de le noter dans un projet de naissance ! Et puis, je leur conseillerai de demander à ce que le papa ait une place au bloc !
« Ma seconde grossesse qui m’a réconciliée avec ces horribles souvenirs… »
Ma seconde fille n’était pas en siège. Cependant, elle était placée haut et il y avait un risque que l’accouchement prenne 20 heures sans que mon bébé sorte au final. Du coup, le corps médical a décidé de programmer une césarienne. J’avais déjà raconté à ma sage femme ma première expérience de césarienne. Elle m’avait alors vivement conseillé d’écrire un projet de naissance. Mon nouveau gynécologue a aussi été prévenu dès ma première consultation. Il ne fallait pas que ça se produise une seconde fois.
Le jour J, j’ai eu une équipe en or. Des personnes gentilles, douces, soucieuses de me mettre au courant de tout ce qui se passait au fur et à mesure… L’anesthésiste a eu des soucis pour me piquer. Contrairement à ma première expérience, rien à voir ! C’est mon nouveau gynécologue qui vient lui-même m’aider à me positionner ! Il utilise des paroles calmes, douces, encourageantes. Rien à voir donc ! Malgré cela, l’anesthésiste, après plusieurs tentatives n’y arrive pas. Il est confus et me présente ses excuses. Il passe le relais à un confrère qui réussira du premier coup ! On m’installe alors et on me parle toujours autant ! L’équipe communique à voix haute. Il y a une bonne ambiance ! Mon gynécologue m’a parlé tout le long de l’intervention. Il m’a toujours dit là où il en était ! Quand ma seconde fille a été sur le point de sortir, il m’a prévenu. Il a dit: « attention bébé arrive ! » Et juste ensuite: « Et voilà bébé! » Et là, mon coeur a fait BOOM. Et tout en regardant notre seconde fille, je pense à ma grande et à cette scène que je n’ai pas eu… Et là, tout comme je l’avais espéré pour ma grande, on m’apporte mon bébé. J’ai le temps de la regarder de près, de lui dire quelques mots et même de l’embrasser… L’auxiliaire me dit alors qu’elle va devoir l’amener au pédiatre pour les premiers soins… Aucun souci, j’ai déjà vécu ça dans mon métier : je suis au courant ! Et puis, je suis tellement heureuse de ce que je viens de vivre ! Elle revient ensuite avec mon bébé et même chose, elle l’approche un maximum de mon épaule gauche, à mon cou, et je revois une seconde fois ma fille! Alors que je suis toujours au bloc opératoire !!! Mon mari avait fait le choix de ne pas venir car il craignait de tomber dans les pommes suite à ce qu’il avait observé lors de la VME. Il a préféré être là, pour accueillir notre bébé une fois qu’elle serait sortie du bloc comme ça avait été le cas avec notre grande ! Cet accouchement a donc été bien différent…
Christel vous a confié son histoire sans détour. Sans paillettes. Elle témoigne sur son vécu, sur ses accouchements. Je tenais à partager son histoire avec vous toutes car malgré les épreuves endurées, Christel a gardé espoir. Elle a fait des choix et son second accouchement s’est déroulé bien plus dans la douceur, dans l’écoute et la compassion que le premier.
Je vous conseille de toujours garder cela en tête. Et de toujours oser dire ce qui vous pèse aux professionnels qui vous entourent. C’est votre corps et votre enfant. Ils sont à vous. Vous avez le droit de donner vos ressentis et de dire « non ».
Si ce témoignage vous a plu, ou que vous avez envie de raconter votre propre vécu, vos accouchements, n’hésitez pas à commenter cet article 🙂
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