Bonjour à tous ! Aujourd’hui je vous retrouve pour un nouvel article qui va traiter du « terrible two ». Vous savez, cette phase qui survient entre 18 et 36 mois généralement. Cette période où l’enfant parait plus susceptible qu’à son habitude, qu’il pleure, crie, tape ou autre. Bref, qu’il s’exprime différemment ! Ce « terrible two » fait peur. Mais si on tordait le cou aux idées reçues ? ↓
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Un « terrible two » si terrible ?
Le terme de « terrible two » nous vient des états-unis. En France, on parle plus souvent de la « crise des deux/trois ans », de la « crise d’affirmation » ou encore de la « crise d’opposition ». Tous ces termes veulent dire la même chose. C’est la période où l’enfant, vers ses deux ans environ, va prendre conscience qu’il n’est pas vous. Il chemine petit à petit. A sa naissance, il ne fait pas de disctinction entre sa mère et lui-même. Petit à petit, il va comprendre que vous êtes deux corps différenciés. C’est souvent à cette période qu’il exprimera son angoisse d’être séparé de vous. Ensuite, son esprit continue d’élaborer et enfin, vers ses deux ans, l’enfant prend pleinement conscience qu’il est un individu à part entière. Bien différencié de vous. Vers ses trois ans, cette reconnaissance de sa personne s’accompagne du fameux « je ». L’enfant ne dira plus « le bébé » ou son prénom pour parler de lui. Il dira enfin « je ». Le processus d’individuation est bien mis en place.
Mais bon, vous vous en doutez, comme tout projet de l’enfance, ça prend du temps à se construire ! L’enfant élabore chaque jour. Et avec cette compréhension qu’il est, lui-même, une personne différenciée, il prend conscience qu’il peut avoir ses propres choix. Qu’il peut décider des choses de son quotidien. Qu’il peut donc dire « non ». Il est un individu lui aussi.
Bref, votre enfant ne réagit pas de telle ou telle manière pour vous pousser à bout mais pour expérimenter ce nouveau champ des possibles qui s’ouvre à lui. Et au final, est-ce si terrible que votre enfant prenne conscience de son individualité ? Est-ce si terrible qu’il s’exprime en tant qu’individu à part entière? Est-ce si terrible qu’il devienne autonome ? Alors, je me demande si le terme de « terrible two » est adapté… Elle est surtout terrible pour nous, adultes, cette phase d’opposition ! On pourrait décider de le voir différemment et de l’appeler : « la joyeuse affirmation », ou « la prise de conscience » mais ça ferait pas le même effet … 😉
Maintenant que le pourquoi du comment a été abordé, prenons le temps de décortiquer quelques idées reçues…
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1ère idée reçue : « Il fait ça pour m’énerver. Se sont des caprices ! »
Alors, au vu de ce que je viens de présenter en amont, on ne peut pas parler du fait que l’enfant fait ça « contre » vous. On peut le voir sous un autre angle et plutôt comme quelque choses qu’il fait « pour » lui. Il réagit de manière, parfois certes disproportionnée pour nous adultes, mais il le fait pour s’exprimer, pour se « faire entendre ». En vous disant non pour tout et pour rien, il vous dit : « je suis une personne et je veux décider pour moi. Je n’ai pas envie d’être passif comme je l’étais avant. Je veux décider et être autonome. » Et au final; le but de l’enfance est bien de grandir non ? Et donc d’être autonome ?
Pareil, il ne fait pas de caprice à proprement parlé. Il n’a pas encore pleinement conscience de lui-même. C’est une notion qu’il est justement en train d’élaborer ! Il apprend à être lui. De ce fait, il ne peut pas faire quelque chose délibérément pour vous énerver. Il n’a pas encore conscience de lui alors de vous …. Et c’est la même chose pour les questions d’obéissance ! « Il ne m’obéit pas ». Il ne peut pas le faire encore car il n’a pas encore conscience de sa propre personne. Comment pourrait-il avoir conscience de vos désirs d’être obéi ? C’est encore trop tôt pour lui. Mais après, ça n’empêche qu’il peut apprécier de voir que son comportement a une incidence sur vous. Que ce qu’il fait a du poids ! Et donc, d’apprécier de dire et redire « non » pour obtenir une réaction de votre part.
Bien évidemment, je ne dis pas que c’est une période facile et qu’on la dramatise pour rien. Certains enfants vivent cette période de manière plus « virulente » que d’autres et ça peut être très compliqué pour le parent. Je ne dédouane absolument aucun ressenti parental. C’est normal que ça soit dur pour vous !!! Je l’ai aussi vécu en crèche avec une dizaine d’enfants qui, en même temps, ne veulent plus faire telle ou telle chose car ils s’affirment. Je ne dis pas que c’est facile ! Pas du tout ! On a envie de se tirer les cheveux !
La seule chose que je tiens à mettre en avant c’est ce qu’il se passe dans la tête de votre enfant à ce moment là. Ca nous permettra de mieux comprendre ce qu’il se joue pour lui et donc de savoir comment l’accompagner.
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2nde idée reçue : « il ne va pas tarder à me la faire ! »
Alors, sachez que tous les enfants ne passent pas par cette phase de développement au même moment ni de la même façon. Chaque enfant est unique. Certains enfants vont ressentir le besoin de se différencier dans les moindres gestes de leur quotidien et pendant des mois. Pour d’autres, ça sera un « non » lancé sur un ton désapprobateur une fois ou deux. Chacun aura sa façon à lui de l’exprimer.
Dans tous les cas, il me semble important que vous accompagniez cette période en l’observant. Si vous observez que votre enfant la vit, vous serez plus à même de répondre à son besoin d’autonomie. Vous pourriez changer certaines façons de faire pour composer avec son état actuel. Mais sachez que le « terrible two » ne sera pas forcément vécu terriblement. Ca va dépendre du tempérament de votre enfant et de la manière dont vous abordez ce nouvel élan d’autonomie de votre enfant.
Ce ne sera pas facile, ça va certainement vous désarçonner et vous demander de réajuster certains aspects de votre quotidien… Mais vous trouverez des solutions. J’en suis sure. Vous pouvez avoir confiance en vous.
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Idée reçue N°3 : « Rien ne marche avec lui ».
Je comprends que vous puissiez avoir cette phrase qui tourne en boucle dans votre tête. C’est éreintant quand on a l’impression d’avoir tout essayé et que rien ne fonctionne… Ou empire même !
Quand son enfant passe par cette phase, c’est souvent tout le quotidien familial qui en est perturbé ! Et c’est donc difficile pour chaque personne du foyer !
Il y a cependant une petite clé qui pourrait peut-être vous aider… Et si vous preniez « le problème » différemment ? Déjà, en acceptant que votre enfant traverse cette phase et que c’est bon pour lui. C’est facile à écrire mais ça permet de continuer à voir du positif dans les « non » à répétition. Ensuite, vous pouvez essayer de questionner ce que vous proposez à votre enfant pour l’accompagner. Est-ce que vous avez vraiment tout essayé ? Est-ce que se sont vos propositions qui ne sont pas adaptées à son besoin de s’exprimer ? Cette petite mise au point peut vous aider à y voir plus clair.
- Vous pouvez donc penser à montrer les consignes plutôt que de les répéter plusieurs fois de vive voix. Mon enfant a t’il besoin que je lui répète une énième fois ? Serait-il plus sensible au « faire » qu’au « dire »?
- Puis-je accepter de lâcher certaines choses ? Est ce vraiment si important qu’il se lave les dents avant d’aller au lit ? Y aurait il un moment où il y serait moins opposé ? Peut-on trouver un moyen de coopérer ? De négocier ?
- Puis-je lui laisser plus de choix pour certaines choses ? Pas trop non plus mais lui proposer, par exemple, de choisir entre deux desserts s’il refuse systématiquement sa compote le soir et que ça en devient conflictuel ? Est-ce que ça l’aiderait à se sentir reconnu ?
- Puis-je lui donner plus d’autonomie pour répondre à son besoin ? Puis-je accepter qu’il fasse telle ou telle chose ?
Attention, se poser ces questions ne veut pas dire être laxiste. Un enfant, surtout à cette période, a besoin de limites car elles le rassurent. Mais la liberté et les limites sont importantes et travaillent ensemble. Il ne peut pas y avoir que des limites. Il ne peut pas y avoir que des libertés. C’est un savant mélange. Et il sera unique selon votre famille.
Pour finir, je sais à quel point cela peut être difficile à vivre au quotidien. Il me semblait cependant important de mettre en lumière ce qu’il se passe pour votre enfant durant cette période pour que nous soyons plus à même de répondre à ses besoins et donc… d’apaiser nos conflits !
Et vous ? Avez-vous vécu ou vivez-vous cette délicate période avec votre enfant ? Comment l’accompagnez vous ?