Bonjour à tous ! Je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau billet. Aujourd’hui, on va parler du sommeil de l’enfant. Je sais que de nombreux parents sont confrontés aux difficultés de sommeil de leur tout-petit. Et je pense que beaucoup de ces problèmes sont liés au fait que les enfants sont angoissés à l’idée d’être séparés de leurs parents pendant la nuit. Pourquoi ? D’où ça vient ? Comment y remédier ? C’est à ces questions que je vais répondre maintenant. ↓
Quand le sommeil vient perturber votre fusion parent-enfant.
Afin de vous expliquer pourquoi votre enfant a du mal à se séparer de vous durant son sommeil, il me parait important de faire un petit bond dans le temps.
Au début de sa vie, votre enfant vit en parfaite fusion avec vous. Il est complètement dépendant de vous. Il pense que vous êtes une seule et même personne. Il ne fait pas de distinction entre sa mère et lui-même. Il pense être vous. John Bowlby a été l’un des premiers à théoriser ce propos. Il a beaucoup écrit concernant l’attachement. Il disait même que : « la relation mère-enfant est aussi vitale pour le développement général du bébé que les vitamines et les protéines pour son développement physique. » Bref, ce qu’il expliquait c’est que l’enfant a un réel besoin d’être en relation fusionnelle avec sa mère (ou sa figure d’attachement).
L’un des rôles fondateurs de sa maman ou de la personne qui prend soin de l’enfant est de lui permettre de réguler ce qu’il vit en lui. Vous avez du l’observer, un bébé n’a pas la capacité de s’apaiser seul. Il a besoin de vous, de votre présence pour être calmé. Vous allez l’aider à réguler ses tensions internes.
En grandissant, l’enfant apprend petit à petit à apaiser, lui-même, ses tensions. Grâce à tout ce que vous avez fait pour lui quand il était bébé, il apprend à gérer ses émotions. C’est donc grâce à vos échanges avec lui et aux soins que vous lui avez apporté, que votre enfant sera en mesure de réguler ses tensions. De s’apaiser. De grandir.
Et bien évidemment, cette notion ne vient pas seule. En apprenant à réguler ses émotions, ses tensions, votre enfant va prendre conscience qu’il est lui même une personne. Il va comprendre qu’il y a ce qu’il y a dehors et ce qu’il y a dedans. Qu’il y a le « moi » et le « non moi ». Bref, il va élaborer le fait que vous êtes deux êtres séparés et bien distincts.
Quelle angoisse cela peut générer en lui ! Il passe d’un état de parfaite fusion avec vous à la compréhension que vous n’êtes pas une seule et même personne. Il va donc devoir faire l’expérience de la séparation. Et maintenant, elle est beaucoup plus anxiogène pour lui. Il va se demander si vous continuez à vivre quand il ne vous voit pas. Il va aussi se demander si lui-même va vivre lorsque vous êtes séparés. Avant, il n’avait pas élaboré autour de cette séparation. Maintenant qu’il prend conscience que vous êtes différents, toutes ces questions l’assaillent.
Votre enfant vit son angoisse de la séparation. Cette période arrive généralement vers les 8 mois de l’enfant. Bien sur, cela peut arriver avant. Ou après. Il n’y a pas de règle. Chaque enfant est unique.
Et vous l’aurez donc compris, cette angoisse se réveille donc tout particulièrement durant le sommeil de votre enfant.
Pourquoi le sommeil est si sensible à cette angoisse ?
Ainsi, pour votre enfant, il est très difficile de se séparer de vous. Il est submergé par de véritables angoisses existentielles. Imaginez donc comme cela peut lui être difficile durant son sommeil !
Tout d’abord, en dormant, votre enfant se sépare de vous à la fois physiquement et psychiquement. Il doit dormir seul dans son lit (même s’il s’agit d’un lit de cododo). Quand on dort, on est seul. C’est ainsi. Il doit aussi se séparer de vous psychiquement, émotionnellement. Et cette double séparation vient réveiller ses craintes, ses angoisses, ses inquiétudes.
Ainsi, il peut être amené à avoir du mal à s’endormir. Il ne voudra pas se laisser aller dans son sommeil. Ça peut être trop dur pour lui. Il peut donc décider de se maintenir éveillé même s’il est fatigué. Il pourrait avoir besoin de vos bras, de votre présence. C’est tout à fait courant et légitime de sa part. Il pourrait également avoir des réveils nocturnes beaucoup plus fréquents. En se réveillant, il s’assurera alors que vous êtes toujours en vie. Que vous êtes toujours là pour répondre à ses besoins.
Ce n’est qu’au fil d’expériences positives et répétées que votre enfant pourra se laisser aller sans difficulté dans son sommeil. Ce n’est qu’à force de voir que vous êtes toujours là, que tout va bien, qu’il pourra « faire de véritables nuits ». S’il n’a pas élaboré tout cela, il n’en sera pas encore capable. Il n’en aura pas encore la capacité. Voici pourquoi votre enfant peut avoir du mal à se séparer de vous pendant son sommeil.
Mais alors comment l’accompagner ?
Il y a mille et une façons d’accompagner votre enfant dans cette période là. Il y en a autant à envisager que de familles. Chaque parent aura ses solutions. Je ne pense pas qu’il y ait une seule solution miracle qui soit adaptée à tout un chacun.
En revanche, je pense que plusieurs choses peuvent être pensées pour favoriser un endormissement serein et des nuits apaisées.
Je vais vous donner quelques pistes de réflexion pour conclure cet article. La première des choses à prendre en considération est le fait que votre enfant a besoin d’être attaché à vous pour pouvoir se détacher de vous sereinement. C’est aussi complexe que simple ! Plus votre enfant aura acquis (auprès de vous) des expériences solides et rassurantes, plus il sera à même de vivre des expériences par lui-même. Tout ce que vous faites ensemble va l’aider à vivre ensuite par lui-même. Ainsi, n’ayez pas peur de « gâter votre bébé ». D’ailleurs, peut-on vraiment gâter un bébé ?
N’hésitez pas non plus à répondre à ses besoins lors de ses moments de sommeil agité. Je sais que ce n’est pas évident que de rester attentif et disponible quand son enfant rencontre des difficultés de sommeil mais je suis intimement persuadée que de l’accompagner en répondant à ses besoins sera bénéfique sur le long terme. Ainsi, je vous conseille de vous déplacer dans la chambre de votre enfant s’il pleure. N’hésitez pas à l’apaiser, à le cajoler. Il aura besoin de ces moments avec vous pour pouvoir ensuite se séparer de vous. Il aura aussi besoin de voir comment vous l’apaisez pour pouvoir apprendre à le faire de lui-même ensuite.
Enfin, vous pouvez penser à de nombreux éléments de manière à favoriser un sommeil calme (les rituels d’endormissement, l’environnement de la chambre en journée et la nuit, le travail de sa capacité d’auto-réconfort, l’accompagnement de son rythme de sommeil etc…). Il y a de nombreux éléments à remettre en question afin de voir si nos actions d’adultes sont bien en adéquation avec les besoins de l’enfant à ce moment là de sa vie.
Dans la question de l’accompagnement du sommeil et de ses difficultés, tout est question d’ajustements et de remises en question à mon sens.
Voici donc les raisons qui peuvent expliquer pourquoi votre enfant peut avoir du mal à se séparer de vous durant son sommeil. Au fur et à mesure qu’il grandit, il prend conscience de sa personne et cela peut devenir anxiogène à certains moments. Le temps du sommeil peut être habité par cette angoisse de la séparation et donc s’en voir perturbé.
Et vous ? Avez vous observé des difficultés de sommeil qui pourraient être liées à cette période là ?